LE LABYRINTHE DES ORIGINES

Par Alfred Kuen - Éditions Emaüs


INTRODUCTION

« Au Commencement, Dieu créa les cieux et la Terre »

Oui, mais...

Ce livre voudrait fournir au lecteur perplexe un fil pour sortir de ce labyrinthe.

L'auteur, Alfred KUEN, qui fut professeur et directeur de l'Institut biblique évangélique « EMMAÜS » rte de Fenil, 40. CH 1806 SAINT-LEGIER, a écrit cet ouvrage remarquable qui résume ce que les hommes ont pu penser concernant la création du monde et de l'homme, en se basant sur la Bible (début de la Genèse) et les thèses diverses de l'Évolution, exprimées par des scientifiques souvent athées.


Chapitre premier : Au commencement, Dieu...

L'intérêt pour nos origines est universel et permanent. Ce que l'on en pense a d'importantes implications, cela explique qui est l'homme, quelle est sa place dans l'Univers et ses relations avec lui. Cela affecte aussi le sens de la vie et, pour le chrétien, la question de la relation entre création et évolution a des conséquences importantes sur son interprétation biblique.

Alfred Kastler, prix Nobel de physique qui se dit athée, explique pourquoi le hasard n'a pas pu créer notre Univers : il suppose que des astronautes, visitant la face cachée de la Lune y trouvent une usine produisant de l'aluminium, et entièrement automatisée... leur viendrait-il à l'idée que le Hasard a construit cette usine sans que des êtres intelligents l'aient conçue? Or, dans un simple être vivant, il y a une construction bien plus complexe et intelligente que dans une usine quelconque, même automatisée... Personne ne peut comprendre l'Univers sans une finalité... La science ne peut donc en rien récuser l'idée de Dieu.

D'autre part, l'Univers a bien eu un commencement. En effet la quantité totale d'énergie utilisable y est en constante diminution (loi de l'entropie, ou 2e loi de la thermodynamique), donc l'Univers a eu un commencement, actuellement on dit un Big Bang. Cette reconstitution scientifique comprend donc bien les mêmes éléments fondamentaux que le récit biblique.

L'astronome Ch. Fehrenbach dit encore qu'il est sûr que notre Univers est en expansion – comme un ballon d'enfant qu'on gonflerait indéfiniment. Donc il a bien eu un commencement. Mais si on nie le Créateur, on se retrouve devant une nouvelle interrogation : « Qu'y avait-il avant le Big Bang? »

Le début de l'Univers étant donc bien circonscrit dans le temps, toutes les données fournies par la physique, la géologie et l'astronomie se recoupent, et cette concordance ne peut être un effet du hasard. Notre planète a environ 4,5 milliards d'années, et notre Univers 14-15 milliards d'années. Einstein lui-même admettait la « nécessité d'un commencement » et « l'existence d'un intellect supérieur »; et pour lui, affirmer que le monde soit le produit du hasard était totalement irrationnel.

Dans son livre remarquable (Dieu et le Cosmos), Hugh Ross donne encore de nombreuses autres preuves astronomiques du Big Bang, confirmant l'existence d'un commencement absolu de notre Univers. Or, l'idée d'un commencement pose inévitablement cette question : « Qui est à l'origine de ce commencement absolu? ». Dés lors de nombreux astronomes et scientifiques expriment davantage cette conclusion logique : l'existence d'un Dieu-Créateur. Mais d'autres restent fondamentalement athées et trouvent malgré tout de nouvelles théories, bien improbables, et non démontrables.

Cependant, les déclarations de la Bible aussi, précisent ce qu'il y avait avant le Big Bang. Jésus dit : « Père, Tu m'as aimé avant la fondation du monde » (en Jean 17:24), et Paul aux Éphésiens déclare : « Dieu nous a élus avant la fondation du monde », et Pierre affirme que « nous étions prédestinés avant la fondation du monde » (I Pi 1:20).

En biologie aussi, il est douteux que quelqu'un puisse nier qu'un Créateur intelligent a préparé si exactement les conditions oxydantes pour que la vie existe. L'impossibilité où nous sommes de reproduire de l'ADN, ou des cellules vivantes - même les plus primitives - démontre qu'une source intelligente seule a pu les concevoir.

L'auteur présente ensuite des témoignages de savants bien connus qui croyaient en l'existence de Dieu, comme Newton, Copernic, Kepler ou Galilée autrefois, mais aussi actuellement. Einstein a pu dire, par exemple : « Ma religion consiste en une humble admiration pour l'Esprit supérieur dont la puissance se révèle jusque dans les plus petits détails à notre esprit faible et limité. L'idée que je me fais de Dieu, c'est cette conviction profonde d'une intelligence supérieure qui est à l'œuvre dans l'Univers » ; et sir James Jeans conclut : « L'Univers semble avoir été conçu par un mathématicien ».

Dieu créa ! Le verbe bârâ, que la Bible emploie pour créer, a toujours Dieu comme sujet dans l'Ancien Testament. On dit que Dieu créa à partir de rien, ou plutôt à partir de Lui-même; ou faire avec rien, tirer du néant. Ce verbe est employé 6 fois pour la Création du ciel et de la Terre et 3 fois pour celle de l'homme. Pour d'autres créations, l'auteur utilise le verbe asâ (= faire). Ailleurs dans la Bible, le mot bârâ est utilisé aussi dans le contexte du salut. « L'activité créatrice de Dieu dans l'histoire n'est pas seulement la présentation de ce qu'Il a fait : c'est un engagement créateur continu avec ce monde, le menant vers sa gloire future », écrit D. Atkinson.

La grandeur de l'Univers nous échappe. L'étoile la plus proche de notre Soleil est Proxima du Centaure, à 4,23 années-lumière! A 1000 km/H, un satellite mettrait 4 millions d'années pour y parvenir... Or il existe des étoiles dont la lumière a mis des milliards d'années pour nous parvenir, à 300 000 km/seconde!

Comment cet Univers s'est-il formé ? Ph. Gold-Aubert actualise ainsi les deux premiers versets de la Genèse : « Tout au début, Dieu (Elohim) a fait jaillir du néant ce qui allait être cet Univers. La matière était encore inconsistante. » Pas même un photon n'existait dans ce vide initial. Mais l'Esprit de Dieu était en mouvement, comme un vent sur ces fluides (« maïms »); et la Septante traduit le 1er verset par : « Il y a longtemps, Dieu façonna le ciel et la Terre », ce qui implique bien un travail de longue haleine, correspondant aux dires des scientifiques.

On connaît ensuite tout le processus de complexité du développement de l'Univers depuis 14 milliards d'années, naissance des noyaux d'atomes simples (Hydrogène, Hélium...), puis de plus en plus complexes. La matière s'est concentrée ensuite en étoiles, comme notre soleil, qui entrent en fusions nucléaires successives, donnant naissance aux éléments lourds qu'on retrouve sur la Terre et les autres planètes, entourant de leurs déchets des multitudes d'étoiles. La boule de nébuleuse enfantant la Terre n'avait pas une forme bien déterminée (informe dit la Bible), mais sous l'attraction gravitationnelle et la pression croissante, elle a pris sa forme sphérique comme tous les astres d'une certaine importance.

Grâce au satellite Hubble et aux télescopes géants, nous pouvons remonter le temps presque à l'origine de l'Univers et comprendre plus de 90 % de son histoire physicochimique. Mais on est encore loin de l'origine de la vie! H. Ross énumère 26 paramètres dont le réglage précis et extrêmement ingénieux a modelé le cosmos dès le début, et dans notre intérêt. Toutes ces découvertes amènent de nombreux chercheurs sincères à déclarer que l'Univers a bien une finalité, et qu'il n'est pas là par une sorte de hasard (principe anthropique).

C'est cette question que pose l'astrophysicien Trinh Xuan Thuan, en constatant que ce réglage avait dès le départ la potentialité d'accoucher de la vie. Changer un petit peu l'une de ces variables, et nous ne serions pas là pour en parler! Cette précision équivaut à celle d'un archer qui placerait sa flèche dans une cible placée à 15 milliards d'années-lumière... Ce principe anthropique pose donc le problème d'une certaine connivence entre l'homme et le cosmos.

Y aurait-il de la vie ailleurs que sur notre Terre, avec des êtres intelligents avec lesquels nous pourrions communiquer? La Bible n'y répond pas, mais la science aimerait bien le prouver!


Chapitre 2 : Différentes lectures possibles

Différentes lectures du récit biblique sont possibles. Toutes les généalogies de la Genèse (en apparence inutiles) conduisent à une création du monde il y a 4004 ans avant Jésus-Christ. Mais pour concilier les données bibliques avec celles de l'observation de la nature, on peut considérer différentes « lectures » du récit de la Genèse.

1) Une lecture littéraliste (ou anti-scientiste)
admet intégralement et mot à mot (en langage actuel) le texte de la Genèse, en attirant notre attention sur le caractère aléatoire des théories scientifiques, considérées comme des hypothèses. Le déluge de Noé aurait changé toutes les conditions de la création initiale. La terre et tout ce qui s'y trouve auraient donc été créés en 6 jours de 24 heures, il y a 6-10 000 ans. Les fossiles ne sont que des animaux tués par le Déluge de Noé. En général, Dieu a formé la Terre il y a quelques milliers d'années, mais lui a donné l'apparence d'ancienneté (p.ex. les ronds de croissance des arbre sont apparus miraculeusement, etc.), pour induire en erreur les chercheurs.
 
On peut classer, dans cette lecture aussi, la théorie de la restitution, qui regroupe tous les âges géologiques dans le verset premier, et voit l'œuvre des 6 jours comme une réparation de la Création, qui aurait été abîmée par suite de la révolte de Satan (antérieure donc à Adam, selon eux).

2) Une lecture fidéiste
La Bible n'est pas un manuel scientifique, elle n'a rien à nous dire au sujet de la cosmogonie; le récit a seulement une valeur religieuse. Les gens d'alors ne connaissaient pas la science, l'auteur a simplement donné un rapport concis dans un langage que tous (et à toute époque) puissent comprendre. La Bible y affirme que Dieu est le Créateur, c'est suffisant.
 
Don Fleming déclare que, pour commencer, la Terre était sans forme et dans les ténèbres à cause des masses d'eau gazeuses qui l'entouraient, d'où une lumière solaire pâle et peu dangereuse pour les premières formes de la vie, permettant leur adaptation progressive.
 
Coupant court aux croyances païennes, l'auteur de la Genèse fait apparaître le soleil et les astres à retardement : les forces de la nature ne sont plus des dieux, mais des objets fonctionnels pour éclairer la Terre et compter le temps. « La Bible n'est pas un livre de science, mais de théologie; la vérité du savant et de l'Écriture ne se rencontrent pas : leurs objectifs sont différents » (M. Achard).
 
S'il semble y avoir des erreurs scientifiques dans la Bible, celle-ci correspond grosso modo au savoir antique. Et même la Genèse et la génétique sont d'accord encore actuellement, contrastant avec les invraisemblables mythologies d'alors.

3) La lecture concordiste
Le professeur Rohrbach, de Mayence, affirme sa foi dans le récit biblique de la Création, étonnamment correspondant aux faits actuels scientifiques, découverts jusqu'ici.
 
Beaucoup d'évangéliques y souscrivent, admettant une concordance fondamentale entre les données bibliques et scientifiques, valables pour tous les temps. Le déroulement des « Jours » correspond bien aux données de la science, si l'on admet que les « Jours » cités, correspondent à des périodes géologiques de longues durées, bien précisées par la science actuelle.
 
Une branche de cette lecture pense à une évolution théiste. Dieu ayant défini les lois de la nature aurait alors laissé les différentes formes de vie se développer graduellement. Les théories des « jours-âges », et d'une création progressive sont aussi une forme de concordance. Elles impliquent des interventions périodiques de Dieu, suivies de longues périodes géologiques. Les soirs correspondraient à des périodes d'extinction de nombreuses espèces végétales ou animales.
 
Henri Blocher estime fausse l'idée qu'au 4e Jour seulement le soleil et les étoiles seraient « apparus », le terme écrit exprimant bien le sens de « créer » – bien que le texte n'utilise pas le mot important « bârâ » (= créé à partir de rien), comme pour les autres créatures.

4) La lecture littéraire
Ce même auteur pense que le langage figuré n'est pas inférieur au texte littéral, et il propose « l'interprétation littérale » concernant la Semaine attribuée à l'œuvre de la création, en tant qu'arrangement artistique à ne pas prendre à la lettre, même si l'ordre indiqué correspond bien, grosso modo, avec la cosmogénèse.
 
Rohrbach, lui, parle de la théorie du Film, comme si l'auteur, tel un prophète le voyait se dérouler, Dieu lui parlant. A noter que, durant de longs siècles, ce chapitre a été lu et cru en Occident, comme étant l'ordre naturel de la Création. La lecture littéraire s'affranchit, elle, complètement du cadre chronologique, ce qui est difficile à accepter au vu de nos innombrables découvertes scientifiques modernes.

5) Entre lecture littéraire et concordiste
Certains commentateurs pensent que l'étude des évènements de Genèse 1 est partiellement littéraire et concordiste. Comment pouvait-il y avoir un soir et un matin avant l'apparition du soleil? Ou des plantes et leurs fruits sans le soleil? L'esprit humain est friand de structures et de refrains... De la préparation à l'accomplissement, de la forme à la plénitude... On constate dans le récit comme un poème en 3 étapes successives : 1) la lumière séparée des ténèbres; 2) les eaux d'en bas et celles d'au-dessus du firmament; 3) le terre séparée des eaux. Le récit est construit sur 2 thèmes parallèles : à noter que cet ordre de la contingence est aussi fréquent dans le mode du fonctionnement scientifique (!).

Nous constatons bien une progression chronologique proche de ce que nous indique la science actuelle. Ne serait-il donc pas positif de combiner ces lectures dans un « concordisme modéré »? On constate bien qu'après des formes matérielles simples sont venus des développements de plus en plus complexes, pour aboutir à l'homme, ceci dans les deux formes de connaissance à notre disposition.

Ainsi l'auteur conclut ce chapitre par cette phrase : « Comment sortir de ce labyrinthe? »


Chapitre 3 : La théorie de la restitution

Selon cette théorie, due à Thomas Chalmers, les 6 jours de la Genèse ne concernent pas la Création, mais l'œuvre de Dieu pour réparer le drame de la chute de Satan et de ses anges, entre les versets 1 et 2, se traduisant par : « ...et la Terre devint informe et vide ». D'ailleurs, dit-il, la présence des ténèbres (symboles du Mal) montre bien qu'il s'est introduit dans le monde. Auparavant donc, la terre aurait été peuplée de plantes et d'animaux et des préadamites (d'où les fossiles qu'on retrouve partout). Augustin et beaucoup d'anciens partageaient ce point de vue déjà.

Dieu est parfait, et il paraît impensable qu'Il ait créé quelque chose « d'informe et vide ». Les mots « tohu bohu » rapportés par 2 fois dans l'A.T., se rapportent à des évènements négatifs résultant d'un jugement divin. Des textes des prophètes corroborent cette vision, comme Jérémie 4:23-27. « Toute la Terre est dévastée, mais je ne la détruirai pas entièrement », etc.

Les objections à cette théorie sont nombreuses aujourd'hui. D'abord, la Bible elle-même est silencieuse concernant cette catastrophe antérieure à la Genèse. Et les mots tohu bohu peuvent signifier simplement une absence de forme, l'état de départ étant une matière brute, comme l'argile du potier. Ensuite, comment expliquer qu'après chaque Jour Dieu s'écrie « C'est Bon! » et au 6e Jour « C'est très Bon! ». Cette théorie est donc largement spéculative, dit Luc de Benoît. Beaucoup d'arguments et toutes les découvertes scientifiques la réprouvent : il n'y a pas eu entre les différentes périodes géologiques et le temps actuel une rupture radicale; au contraire, la géologie atteste une continuité entre l'époque tertiaire et notre temps.

Et la Bible elle-même la contredit : en Exode 20:11, nous lisons : « En 6 jours, l'Eternel a fait le ciel, le terre, la mer, et tout ce qui s'y trouve ». De plus, il n'y a dans l'Écriture aucune déclaration explicite affirmant que la chute de Satan ait été suivie d'une ruine totale de la terre. Henri Blocher la déclare « parfaitement impossible », même si la Bible Scofield l'accepte. Je préfère donc la traduction. « La matière n'était pas encore organisée » (Ph. Gold-Aubert).


Chapitre 4 : Lumière et luminaires

Que la lumière soit!... Et la lumière fut.

Y a-t-il une contradiction entre ce texte et la « création » des astres dans notre ciel, décrite au 4e Jour? Autrefois, on voyait le soleil comme indispensable à notre lumière, mais on peut penser que Dieu a fait luire une « lumière » diffuse ou d'une autre source que le soleil, pendant les tout premiers Jours.

G. Archer dit que le refroidissement progressif de la Terre a permis que les nuages laissent apparaître des trouées, et diffusent peu à peu celle du soleil. On pourrait aussi traduire de l'hébreu que Dieu AVAIT FAIT les deux grands luminaires. Des auteurs pensent que les plantes ont commencé par créer, à partir de l'atmosphère stable d'azote et de gaz carbonique une nouvelle atmosphère instable, faite d'azote et de d'oxygène, constamment obligée à se régénérer qui est la nôtre actuellement. L'apparition des astres proviendrait alors de cette modification capitale, le jour et la nuit ne seraient plus déterminés par la lumière seulement, mais par les astres rendus bien visibles. On sait aussi que la Terre a été longtemps entourée d'une épaisse couche de poussières opaques (ce qui s'est reproduit aussi dans diverses catastrophes géologiques plus tard). Mais certains auteurs refusent cette traduction du mot créer par « faire apparaître », qui leur paraît tordue.

Cependant, il existe bien une « lumière » indépendante du soleil ! Le rayonnement est bien la première « création » du début de l'Univers, bien avant que le soleil fût... donc la lumière n'est pas dépendante du soleil. « Le rayonnement vient directement de l'espace vide lui-même » (P. Davies). Que la Bible parle de lumière avant la création des luminaires est aussi une preuve de son inspiration divine, car toutes les religions païennes elles, adoraient le soleil ! On croit donc surprendre la Bible comme erronée avec ce 4e Jour, mais pourquoi ne pas croire que l'énergie initiale est bien l'immense rayonnement du Big Bang, qui est à l'origine de toute la matière de l'Univers ? C'est la possibilité de l'équation d'Einstein (E=mc2), une sorte de protosoleil qui allait exploser du néant pour produire à l'infini toutes les galaxies (selon Ph. Gold, qui transcrit ainsi les verset 3-4 : « Alors Dieu dit : "Que le rayonnement soit. Et le rayonnement fut". Et Dieu dit "que ce rayonnement est bon!" et Il sépara le rayonnement du vide. « car tout est rayonnement au début de l'Univers ».

Le professeur Aviezer dit que « la cosmologie a établi à présent que l'apparition d'une boule de feu primitive constituait la création de l'Univers. » Concernant le soleil, la Bible le démystifie : ce n'est qu'une grosse lampe, rien de plus, pour éclairer les hommes, contrairement à ce qu'en disaient toutes les religions antiques. De même, « il fit aussi les étoiles » coupe toute idée d'idolâtrie ou d'astrologie les concernant.

Pour conclure, nous voyons combien la vérité de Dieu est infaillible, et nos interprétations faillibles et sujettes à variations ! Mais il faut le dire, aucune des alternatives sur nos origines n'a d'incidence sur notre propre salut, qui est un autre cadeau divin pour tout croyant... Mais on ne peut rester indifférent aux interprétations scientifiques concordantes avec celles de la Bible, toute solution « anti-scientiste » nous obligerait à sacrifier les efforts inlassables d'innombrables savants (« se surveillant mutuellement ») pour sonder le monde qui nous entoure.


Chapitre 5 : Les différents sens du mot « jour »

« Il y eut un soir, puis un matin. Ce fut le premier JOUR »

Cinq interprétations partagent les opinions sur l'interprétation de ce terme :

1) Jours de 24 heures
La lecture littéraliste insiste : « La seule manière convenable d'interpréter Genèse 1, c'est de ne pas l'interpréter du tout : les jours sont des jours littéraux... » Le terme hébraïque ne se rapporte que rarement dans la Bible à une autre période que 24 heures (sur 2000 citations). Wilder Smith dit que si l'on accepte que les « jours » soient des ères géologiques, on va vers des difficultés très grandes d'interprétation. Exemple : au 3e jour sans soleil, comment les plantes et les forêts produisant le charbon auraient-t-elles pu se développer ainsi? Il pense que Dieu peut avoir par un miracle généralisé créé tout en 6 jours. Et que toute la leçon qu'en tire la Genèse - le repos du sabbat le 7e jour - devient caduque, s'il ne s'agit pas de jours normaux.

2) Des périodes géologiques
Le Jour de Dieu n'est pas le jour de l'homme. Pour Dieu le temps tel que nous le concevons n'existe pas. Pierre (2 Pierre 3:8) dit : « pour Dieu un Jour est comme 1000 ans et 1000 ans sont comme un Jour ». Le jour de création limité par un soir et un matin n'est pas une unité lisible sur une montre... Même Adam et Ève n'ont pas été créés le même jour (dit F. Schaeffer). On peut accepter qu'il s'agisse d'un « long jour », déjà simplement par l'impossibilité de caser toutes les activités énumérées dans un jour de 24 heures!
 
Et Genèse 2:2 dit que Dieu se reposa le 7e jour (qui dure toujours, selon Hébreux 4:4 !). Nos jours de 24 heures ne sont que l'image des grandes journées du travail divin. Nous pouvons conclure qu'en employant l'image de la semaine, l'auteur a voulu exprimer la notion d'une œuvre accomplie graduellement, avec des intervalles de travail et de repos.
 
On peut constater - qu'hormis la lumière au verset 1 (l'explosion initiale) - la Genèse n'a jamais dit à quelle vitesse Dieu a accompli son œuvre de Création. Le mot yom, traduit de l'hébreu par « jour », est aussi utilisé dans un autre sens dans Genèse 2:4 : « Ce sont là les générations des cieux et de la Terre, lorsqu'ils furent créés le Jour où Dieu créa la Terre et les cieux. »

3) Jours de révélation
Il s'agirait de « jours de vision ». Pendant 6 jours, Dieu aurait révélé à l'auteur du récit sa Création, comme Jean a reçu l'Apocalypse. Idée intéressante, certes, mais qui ne saurait être prouvée naturellement, selon H. Ellis. Et, en Exode 20:11, un texte au moins s'y oppose : « En six jours, Dieu a fait la terre et tout ce qui s'y trouve » (et non pas révélé à quelqu'un).

4) Jours d'activité
On a proposé que ce serait des jours d'activité de Dieu, séparées par de longues périodes dans lesquelles on pourrait situer les millions d'années dont nous parle la science moderne. Ainsi, le Jour 1er inaugurerait la formation de l'atmosphère et des océans, qui se poursuit encore aujourd'hui, etc., etc. C'est ce qu'on appelle le « créationnisme progressif », qui n'a que peu d'adeptes.

5) Jours « littéraires »
C'est simplement un procédé pour sanctifier le sabbat et la semaine de 6 jours du travail des humains. Le texte biblique n'a pas pour but de répondre ni à l'évolutionnisme, ni aux autres questions soulevées par la science, mais de donner une réponse aux questions théologiques. Cette « semaine » est structurée en 2 groupes parallèles de 3 jours, suivant le même modèle : introduction, ordre, il en fut ainsi, évaluation, cadre temporel. Le 6e « jour » étant plus développé, parce qu'il concerne la création de l'homme (selon R. Youngblood et H. Blocher). La disposition de cet « hymne-récit » ne laisse rien au hasard : c'est le fruit mûr de la méditation de l'auteur. Le premier souci du croyant sera donc de discerner le sens du texte, sans l'asservir à un prétendu savoir. C'est un style poétique, sans plus.

En conclusion, le texte est cependant construit sur un schéma chronologique indéniable, et qui correspond bien à notre histoire. N'en pas tenir compte ne semble pas faire justice à ce texte extraordinaire. On en revient donc à un certain concordisme qui est le plus satisfaisant.


Chapitre 6 : L'âge de la Terre

Quand situer ce commencement : milliards d'années ou quelque 10 000 ans? L'archevêque Ussher, au 17e siècle, situait la Création en l'an 4004 avant J.-C. Les adeptes de la « jeune Terre » donnent à l'Univers environ 10 000 ans, et les astrophysiciens et géologues quelques milliards d'années...

Pourquoi une « Terre jeune »? Elle se base sur des jours solaires et une semaine de création, et sur les généalogies de Genèse 5 et 11, dont on admet certaines incertitudes de datations, comme des trous, soit quatorze « fossés ». Cependant, une chose est bibliquement claire : Adam fut créé il y a des milliers d'années, et non des millions d'années...

Schrader s'oppose aux estimations scientifiques en déclarant les méthodes radiométriques de datations non fiables. Il prétend que Dieu peut avoir créé un Univers jeune portant aussitôt les apparences d'un grand âge. Et que l'expansion de l'Univers peut alors avoir commencé quand Il l'a voulu. Enfin, que le Déluge de Noé est venu tout bouleverser, et donner des illusions aux scientifiques incrédules.

Les fossiles parlent de mort, souvent violente et soudaine. Puisque la mort est entrée dans le monde par le péché d'Adam (Romains 5:12) et que la création était très bonne avant, la mort n'existant pas avant la Chute, ces fossiles ne peuvent provenir que du Déluge-châtiment. (H. Morris).

La datation au 14C, dit Wilder Smith, présente des incertitudes : « Nous ignorons si la composition de la stratosphère est la même qu'autrefois, donc si le rayonnement cosmique ne s'est pas modifié. Avant le Déluge il pouvait y avoir un dais protecteur faussant toutes nos mesures... De même, la datation à l'aide des fossiles est erronée, puisqu'on date une couche d'après des fossiles, ou des fossiles d'après la couche... Le calcul repose sur le postulat darwinien que les animaux les plus primitifs sont les plus anciens, parce qu'ils étaient moins évolués. En réalité tout est mélangé, ce qui montre bien les effets bouleversants dus au Déluge. »

Même les cercles annuels des arbres carbonisés ne sont pas une preuve, puisque Dieu peut les avoir créés en quelques secondes, comme s'ils avaient 50 ou 100 ans, car le temps n'existait pas encore lors de la Création. Le Jardin d'Éden pourrait fort bien avoir été créé subitement avec tous les caractères des arbres fruitiers déjà portant leurs fruits. La verge d'Aaron avait bien fleuri subitement. Et Adam et Ève ont été créés à l'âge adulte...etc., etc. Bien sûr, Dieu est Tout-Puissant (voir aussi la multiplication des pains et des poissons faite par Jésus), mais Il agit en général selon les lois méticuleuses qu'Il a données à sa Création, et qui sont de plus en plus fantastiques, à mesure qu'on les connaît. Et les miracles sont, par définition, exceptionnels ! Enfin, on ne voit pas un Dieu d'Amour faire des « coups tordus » pour égarer des milliers de scientifiques, dans leurs sincères recherches...

Certes, il faut admirer ceux qui prônent la thèse néo-créationniste, parce qu'ils veulent défendre la sainte Écriture, mais maintenant beaucoup de scientifiques croyants sincères refusent ces interprétations faussées. Il est possible de combiner une bonne théologie et une bonne géologie, en ayant une interprétation biblique fidèle. Si nous ne voulons pas miner le christianisme en y ajoutant (comme souvent dans l'histoire) la folie humaine d'une pseudoscience erronée. Comme souvent – dans d'autres domaines – ce sont hélas des athées qui ont découvert des solutions aux questions des hommes, et les chrétiens ensuite ont bien dû accepter les faits. Enfin, bien des géologues chrétiens ont été convaincus maintenant par leurs propres études, et une connaissance intime des roches, de l'impossibilité d'une Terre ayant 6000 ans d'âge.

Des objections morales s'y opposent aussi : J.-M. Nicole dit : « A mon sens, une des grandes objections à cette théorie d'une Terre jeune, c'est le fait que certaines étoiles se trouvent à des milliards d'années-lumière...Si Dieu a créé un monde avec l'apparence d'un âge si considérable, il faudrait conclure qu'Il aurait semé partout de faux indices pour égarer les chercheurs ! Alexander constate lui, que beaucoup de leurs arguments et de leurs conclusions sont « abrupts, mal étayés et forcés, et...qu'un chrétien honnête, humble et rigoureux ne peut y souscrire ».

Des objections bibliques existent aussi à cette vison. Dans le texte biblique, il n'est jamais dit qu'une malédiction a touché tout le cosmos, ni que le monde animal a subi une transformation profonde de structure. Seul Satan, en serpent, a été maudit. Après le Déluge, on constate que la géographie n'a pas changé : le Tigre et l'Euphrate sont toujours là! Et Noé a utilisé du bitume – le même que le nôtre - pour bien isoler son arche...

Diverses objections scientifiques sont soutenables aussi dans ce différend. Les mesures astronomiques naturellement, dont nous avons déjà parlé ; l'expansion de l'Univers, qui nous permet de préciser la date du Big Bang assez exactement ; la structure des étoiles qui passent toutes par une série de phases identiques. On sait ainsi que notre galaxie compte des étoiles qui ont entre 5 et 10 milliards d'années, et que notre Terre a environ 4,5 milliards d'années. Enfin, les météorites et l'âge de la lune ont aussi le même âge. Il y a des preuves géochimiques, radiométriques (comme la désintégration des corps radioactifs; si la méthode au 14C est bien connue, parce que la plus ancienne, elle ne vaut que pour une période de 30 000 ans. Mais la désintégration de nombreux autres radioéléments permet des recoupements de plus en plus exacts dans toutes les couches géologiques.

Des preuves tirées du champ magnétique terrestre peuvent aussi être évoquées, et surtout celles fournies par les couches fossilifères. On n'a jamais trouvé de fossiles humains dans les couches carbonifères qui se sont donc formées bien avant l'histoire humaine. La plupart des fossiles représentent des espèces disparues depuis longtemps, et elles ne peuvent avoir été détruites soudainement dans une catastrophe unique. Au cours des temps géologiques du reste, on a pu constater d'autres extinctions massives de divers organismes vivants. Concernant les couches carbonifères, la fossilisation se poursuit actuellement, sans discontinuer. H. Gras présente, par exemple, dans les Cévennes, une coupe à travers 5 km de sédiments mettant en évidence 90 couches différentes de charbon. Il y a donc eu là 90 forêts successives qui se sont développées, sont mortes avec leur bois, leurs feuilles, leurs détritus, parfois en accumulation considérable. Quel temps il a fallu pour faire tout ça!

Ceci nous démontre aussi que la mort physique a toujours existé dans notre Création, et avant l'arrivée de l'Homme. On pourrait encore citer des preuves tirées du volcanisme et des dépôts glaciaires, qui se sont étendus durant des milliers d'années dans certaines régions sur des épaisseurs considérables, et qui se sont retirés ensuite très lentement sur quelques 25 millions d'années, à l'ère tertiaire. Les mammouths trouvés gelés en Alaska et en Sibérie, il y a 39 000 ans, n'ont pas été recouverts par un déluge dans ces toundras nordiques. Et dans l'Antarctique, le laboratoire de glaciologie de Grenoble a foré la glace dans un site à 3250 m. d'altitude avant d'atteindre le rocher. Les forages ont permis d'analyser l'accumulation réalisée en ce lieu durant 740 000 ans. On peut lire le climat périodique (très variable), sur les cercles des carottes comme sur les arbres!

L'auteur analyse de même, en détails, les affirmations néo-créationnistes au sujet des sédiments. Ils sont lents et parfois abondants, étant dus à des tempêtes, des tremblements de terre, des éruptions volcaniques, des inondations... Mais ces cimetières fossiles ne sont pas dus à une catastrophe unique. Et pour former des dépôts lacustres de centaines de mètres d'épaisseur, il faut bien des millions d'années.

Cependant selon les anti-scientistes, dit H. Blocher, il est possible que toutes les couches géologiques soient le résultat du Déluge : du désordre d'un cataclysme peut renaître l'ordre actuel que l'on peut constater... Mais W. Ault dit que ces théories ont été forgées par des gens qui ignorent les principes élémentaires de la géologie, et qu'aucun géologue de renom ne peut y adhérer. Ajoutons que les géologues tiennent parfaitement compte des facteurs exceptionnels survenus dans l'histoire de la terre, des variations de l'activité volcanique, des ères de glaciations, des chutes de météorites, etc., etc. Il s'agit donc maintenant, une fois les faits scientifiques bien établis, d'interpréter à notre tour la révélation biblique d'une manière compatible avec la vérité scientifique, écrit C. Evans, car il n'y a pas deux vérités contradictoires : celle de la Bible, et celle de la nature, telle qu'elle nous apparaît.

Après quelques considérations sur l'aspect gênant de cette théorie qui conçoit que Dieu pourrait tromper à ce point tous les chercheurs, l'auteur conclut en citant quelques remarques sur les dangers de ces théories pour notre jeunesse. En effet, les lycéens ou les étudiants chrétiens, voient leur foi démolie si on leur a enseigné des thèses erronées, sous un prétexte religieux. Le dogmatisme et les efforts persistants des créationnistes risquent de miner la foi chrétienne. Mais naturellement, prenons garde aussi de ne pas nous accrocher pareillement à une théorie scientifique, et de l'utiliser comme un moyen d'apologétique.


Chapitre 7 : Concordances

Les « Jours » correspondent-ils à des ères géologiques? Beaucoup d'évangéliques le pensent aujourd'hui, et parmi eux bien des scientifiques, naturellement. J. Humbert énumère ces concordances : 1) Il y a eu un commencement, il y aura une fin 2) Le visible provient de l'invisible, la matière vient de l'énergie 3) L'ordre d'apparition des créatures est analogue 4) La stabilité des espèces est reconnue 5) l'Homme couronne la Création. Mais le danger du concordisme serait que des avancées scientifiques nouvelles démentent les acquis actuels... comme une révision de la théorie du Big Bang par exemple. Mais en tout cas, il n'existe pas de preuve scientifique évidente montrant que l'ordre des évènements créateurs selon la Genèse soit erroné.

Ph. Gold-Aubert (dans « Création ET Évolution » et « Aux commencements, Dieu créa... »), voit des concordances assez précises entre le texte biblique et les âges géologiques, et en fournit un tableau comparatif. Ainsi, au 6e Jour A, les animaux terrestres concernent l'Ère tertiaire : oligocène, miocène, pliocène. Les premiers primates, les mammifères se développant, la formation de l'Himalaya et la présence de l'australopithèque. Au 6e Jour B, l'ère quaternaire : le pléistocène, l'Homo Sapiens, l'Homme de Neandertal et de Cro-Magnon. Enfin L'Homo Sapiens Sapiens. Au 7e Jour, la Création particulière d'Adam.

Ph. Michaut relève semblablement bien des concordances d'après les données de la paléontologie, la géologie, l'archéologie, la physique et la chimie ; mais il signale quelques divergences, entre autres « la création » du soleil au 4e Jour, sauf si l'on traduit le mot « erets » par « matière » et non par « terre », comme c'est le cas dans presque toutes nos versions.

R, Shallis, d'autre part, remarque qu'« il faut beaucoup de foi pour être athée... Une lecture attentive de la Bible décèle au moins 23 phénomènes relatifs aux étapes de la préhistoire du cosmos et de notre planète, correspondant à un fait scientifique reconnu... leur ordre progressif correspondant en plus très exactement. » Shallis démontre statistiquement l'impossibilité d'une telle coïncidence (1/25000 millions de millions de millions de chance!). Et même si les théories scientifiques sont en évolution constante au gré de nouvelles découvertes, l'enchaînement des évènements fera toujours ressortir une merveilleuse harmonie entre les constatations des savants et le texte biblique.

A la fin de chaque Jour, « Dieu vit que cela était bon », et à la fin du 6e : « cela était TRÈS BON ». Cette réflexion défait toute idée d'une création imparfaite, et l'être humain vient couronner toute la Création avec la charge de la dominer. Ce n'est pas un langage romantique ou poétique, et porter l'Image de Dieu était bien la vocation de l'Homme, avant la chute d'Adam. Au 1er Jour, plusieurs auteurs voient que le mot « mayim », traduit par les eaux peut avoir un sens plus général de « fluide », de même que la Lumière avoir au début le sens du rayonnement du Big Bang, le Soleil ne manifestant tous ces effets qu'au 3e Jour cosmogonique, pour l'apparition de la vie supérieure. De même au 2e Jour, il s'agit bien du Jour de la création de la gravitation et de l'espace, la notion d'étendue ne se comprenant que par l'apparition des millions de galaxies dans l'espace en extension (selon Ph. Gold-Aubert).

Certains auteurs pensent aussi que diverses étapes du développement de la Terre figurent dans ce 2e Jour. Entourée d'abord d'eau gazeuse et d'un voile de poussières – un peu comme Vénus aujourd'hui - cela pourrait expliquer la masse d'eau du Déluge (les eaux d'En Haut). Mais cela est douteux, à cause des dates de ce déluge même, qui est un évènement du temps des descendants d'Adam, et non pas de ce 2e Jour... et aucune thèse scientifique ne peut l'accepter.

Au 3e Jour, nous voici bien sur la Terre, après la formation de la croûte terrestre (un peu comme une coquille d'œuf), cristallisée par le refroidissement; puis l'eau liquide se condense; elle va permettre à la vie d'exister. Il y a 600 millions d'années un seul continent en émergeait, la Pangée, qui s'est cassée en morceaux voici 200 millions d'années, pour donner la configuration actuelle. Celle-ci n'est pas fixe, les continents se déplaçant peu , mais continuellement encore, en produisant de fréquents tremblements de terre ou raz de marées (Théorie des plaques de Wegener).

Avec les premiers végétaux (2e partie du 3e Jour), c'est l'apparition de la vie, des espèces et de la reproduction, et on entre dans la biologie. La flore gigantesque de l'ère primaire (le paléozoïque, entre -575 et -24 millions d'années) a merveilleusement prospéré dans l'atmosphère chaude et humide protégée des rayons U.V., et donnant par exemple des forêts de prêles de 30 m. de haut, etc., etc. Les plantes sont créées le 3e Jour, et les animaux dès le 5e seulement, pourquoi? Les animaux ont besoin d'oxygène, et ce sont les plantes qui l'ont répandu sur la Terre, en absorbant le gaz carbonique initial de l'atmosphère primitive, en fixant le Carbone pour vivre, et en relâchant l'Oxygène comme un détritus. Tout ceci est parfaitement connu et contrôlé de nos jours. Et d'autre part, les végétaux assimilent les minéraux qu'ils transforment en hydrates de carbone; ce sont eux qui vont servir de nourriture aux animaux .

Au 4e Jour, on arrive au climat actuel, avec des nuages passagers et la vision du soleil, de la lune et des étoiles, qui ont tant fait rêver les hommes du Ciel...

Au 5e Jour – au trias, début de l'ère secondaire – on découvre les premiers restes d'animaux terrestres, et les bêtes ailées (insectes, oiseaux), et une explosion de vie aquatique, jusqu'aux « grands monstres marins » les tanninims de la Genèse (ou les dinosauriens), aujourd'hui bien connus selon de nombreuses espèces. Ici nous retrouvons le terme « bârâ », signalant des créatures particulières et beaucoup plus évoluées. En effet, par leur organisation et leur dimension, elles sont comme le début des êtres supérieurs, une étape très importante dans la Création divine.

Enfin au 6e Jour, nous voici en pays de connaissance, avec nos mammifères et finalement l'homme, dont on trouve les traces dès le pléistocène, et qui est lui aussi – comme les tanninims – créé (bârâ), mais cette fois avec une intelligence supérieure, à l'image de Dieu, le point final de l'édifice biologique.

Que choisir, dit l'Auteur. Certes la Bible n'est pas un livre de sciences. Et la lecture littéraire du texte de la Genèse insiste sur les accents théologiques de ce chapitre, mais comme le dit A. de l'Apparent : « Si je devais en 40 lignes résumer les acquisitions les plus authentiques de la géologie, je copierais le texte de la Genèse, soit l'histoire de la Création du monde, telle que l'a tracée Moïse ». Ces conclusions condamnent le néo-créationnisme.


Chapitre 8 :Création ou évolution?

Le mot évolution peut avoir plusieurs sens. La plupart des scientifiques croient qu'une forme ou une autre d'évolution est l'hypothèse la plus logique pour expliquer le développement de l'Univers et de la Vie, et la diversité actuelle de celle-ci. On utilise plus volontiers le mot « évolutionnisme », si on parle d'une évolution due au Hasard (quasi divinisé dans ses possibilités créatrices). C'est ce qu'a bien situé J. Monod, dans son livre célèbre : « Le Hasard et la Nécessité », où il situe l'Homme seul dans l'immensité de l'Univers dont il est émergé par hasard... Il est évident qu'une telle vision entre directement en conflit avec la foi biblique en notre Créateur. Et seule la Bible peut nous dire pourquoi l'on vit !

L'auteur s'attarde longuement ici sur l'évolutionnisme athée, véritable philosophie, issue des découvertes remarquables de Lamarck et Darwin, dont les chrétiens ont largement défiguré le sens, par parti pris. Dawkins résume assez bien cette philosophie : « Au commencement, il n'y avait que des molécules chimiques créées au hasard des rencontres entre atomes, au sein d'une sorte de bouillon de culture. Petit à petit, les plus stables « survivent » et acquièrent par hasard la propriété de se reproduire, c.-à-d. de se recopier elles-mêmes. Le hasard des mutations les a progressivement dotées d'un équipement protecteur et de moyens d'action sur le milieu : d'abord vient la cellule, puis émergent des organismes de plus en plus complexes... Ces molécules sont les ancêtres de nos gènes, et la vie n'est que le piétinement inlassable, la multiplication aveugle de ces machines chimiques. »

La parution du livre de Darwin en 1859 (« l'Origine des Espèces par voie de sélection naturelle ») a eu un retentissement considérable, et a soulevé un tollé, particulièrement dans le monde chrétien. Cependant Darwin y fait part de découvertes et d'expériences incontestables, et il fut lui-même stupéfait – et restera inquiet jusqu'à la fin de sa vie - des conséquences inattendues de ses découvertes.

Bien sûr, il est influencé par les philosophes de son temps, comme Auguste Comte, mais ce fut un observateur étonnant de la nature. Par contre, l'évolutionnisme n'est pas démontrable, et loin de là. Comment (parmi mille exemples) l'ADN, structure présente dans tout être vivant et très fragile, dont on est stupéfait de découvrir peu à peu les étonnantes propriétés, aurait-il pu se créer par hasard dans une cellule primitive, et s'adapter ensuite dans toutes les autres, selon chaque espèce?

La controverse entre « Créationnistes » et « Évolutionnistes » porte surtout sur l'étanchéité des espèces. La définition biologique en est; « que les différents membres d'une catégorie (d'êtres vivants) peuvent se reproduire entre eux, et que leur descendance soit fertile ». En effet, la théorie de l'évolutionnisme est basée sur le passage progressif d'une classe à une autre, et d'un embranchement à un autre, à partir des formes unicellulaires primitives du bouillon marin, pour arriver, par des mutations successives, aux êtres complexes que nous sommes. Or, on n'a jamais pu observer un individu animal passer d'une espèce à l'autre par une mutation, malgré d'innombrables tentatives ; et si de nouvelles variétés ont été obtenues, elles restent dans le cadre de l'espèce.

La théorie évolutionniste athée repose donc sur quatre postulats :

  1. L'origine spontanée d'une cellule vivante
  2. La création de nouvelles espèces par des mutations
  3. La sélection naturelle par l'élimination des non-adaptés
  4. Le passage insensible d'une espèce à l'autre

Mais aucun de ces postulats n'a vraiment été vérifié scientifiquement.

On peut aussi remarquer :

  1. Que Pasteur a montré l'impossibilité de la génération spontanée
  2. Que les mutations ne créent pas de nouvelles espèces, mais très souvent plutôt une dégénérescence
  3. Que les caractères acquis sous l'influence du milieu ne sont pas héréditaires
  4. Qu'on ne trouve pas de « chaînon manquant » entre les espèces

Parfois même, dans le désir de prouver l'existence d'un tel « chaînon manquant », surtout en ce qui concerne les hommes primitifs très anciens, certains paléontologues ont faussé leurs découvertes, ce qui évidemment a donné beaucoup d'eau aux moulins de leurs détracteurs, qui eux-mêmes ont souvent triché à leur tour dans leurs démonstrations.

Pour plus de documentation sur ces problèmes, voir le site : www.natmark.qc.ca/gold/questions, nos 2, 4, 8-10 et 11, particulièrement.

Le problème de l'origine de la vie est lui aussi un sujet très complexe. La vie comme l'Univers a dû apparaître un jour. Fabriquer des briques est une chose, mais qu'en est-il de fabriquer et d'assembler des centaines de protéines et l'ADN? « Il manque le ciment, le plan et l'organisation », s'écrie G. Ourisson. Et la seule possibilité de naissance de la vie en dehors d'une création, c'est l'impossible génération spontanée!

H. Ross a montré qu'une quarantaine de caractéristiques devaient être ajustées – avec une précision supérieure à 1037 – pour que la vie soit possible sur une planète quelconque... sans encore dire qu'elle va s'y développer et s'y reproduire ! Et la vie a dû apparaître rapidement sur la Terre. puisqu'on trouve des fossiles jusqu'à 3,5 milliards d'années ! A noter qu'avant cette époque, le bombardement de la Terre par des météores et de la poussière cosmique était si intense que toute vie primitive n'aurait pu y survivre. Certes, Miller, par une célèbre expérience, a montré la relation entre une atmosphère artificielle contenant de l'eau et des gaz (atmosphère de cette époque), en y faisant passer des étincelles électriques, il a pu obtenir des molécules d'acides aminés – qui sont à la base des protéines de la vie... mais la soupe de Miller est encore loin d'expliquer la vie ! Et même la formation spontanée d'une protéine quelconque est encore impossible... Wilder Smith ajoute cette remarque : « La vie ne peut naître que si un système s'ouvre à une intelligence ordonnatrice ou à des influences vivantes de l'extérieur ».

Enfin, comme nous l'avons vu, les lois des probabilités à elles seules excluent que la vie soit issue du Hasard. En effet, au moins une centaine de protéines fonctionnelles devraient pour cela apparaître au même endroit! Même Darwin en convenait : « Quiconque croit qu'une forme ancienne a été subitement transformée serait forcé de croire à la production subite de nombreuses conformations admirablement adaptées aux autres parties du corps de l'individu et aux conditions ambiantes... et ce serait selon moi quitter le domaine de la science pour entrer dans celui des miracles. »

En fait, la complexité incroyable de la cellule vivante rassemble dans un espace de 1/500e de mm de diamètre des milliers de molécules d'enzymes, de protéines, d'ADN et dérivés, etc., etc. Et même un virus cristallisé est déjà un petit monde qu'on ne peut pas créer. Ajoutons qu'un homme est formé de 100 000 milliards de cellules, vivant en général assez harmonieusement ensemble! A lui seul, l'ADN humain ressemble à une grande encyclopédie de 46 volumes, ayant chacun 20 000 pages, dit J. Coppedge. Il y a donc bien un fossé infranchissable entre les molécules et les cellules vivantes. C'est un saut de dimension fantastique qui se situe bien au-delà de nos hypothèses vérifiables en science.

Concernant l'origine de l'Homme, on recherche toujours le chaînon manquant entre les primates ayant « produit » les singes et les premiers hommes. L'auteur revient dans ce chapitre sur les scientifiques ayant trafiqué des fossiles, comme Teilhard de Chardin voulant absolument concilier le christianisme et l'évolutionnisme (Homme de Pékin, de Pilddown, de Java, etc.). L'auteur attaque aussi les découvertes concernant l'Homme de Néanderthal, dont l'existence en de nombreux endroits du globe ne fait cependant plus de doute. Il ne faut pas non plus repousser les multitudes de nouvelles découvertes d'hominiens, datant du million d'année ou plus, en Afrique notamment.

Alors enfin, comment concilier le récit biblique et les découvertes paléontologiques? P. Chaunu accepte 4 millions d'années entre le premier hominien et Adam. Et J. Stott écrit : « Le fait que j'accepte qu'Adam et Eve soient des personnages historiques n'est pas compatible avec le fait que je croie que certains hominidés aient existé auparavant pendant des milliers d'années. Ces hominidés ont fait des progrès culturels, ils ont réalisé des dessins dans des grottes, et ils ont enterré leurs morts. Vous pouvez les appeler Homo erectus ou même H. sapiens, mais Adam était bien le premier Homo divinus! »

En fait, on sait que Homo erectus a laissé des fossiles durant un million d'années, et que l'Homme de Neandertal, apparu il y a env. 100 000 ans, est resté sans changement pendant 60 000 ans, avant de disparaître assez soudainement, l'homme moderne lui succédant depuis 40 000 ans. Certes, il a fallu de nombreux tâtonnements pour arriver à ces certitudes, mais il faut reconnaître l'honnêteté des hommes de science qui savent souvent reconnaître leurs erreurs, ce qu'on ne trouve malheureusement pas toujours dans le camp chrétien.

La question cruciale finalement est celle de notre définition de l'Homme. Selon l'Écriture, il est bien plus qu'Homo habilis, capable de fabriquer des outils. Adam est constitué Homme par l'image et le Souffle de Dieu ! Mais rien ne dit que la créature choisie par Dieu n'a pas été d'une espèce préparée de toute manière pour l'humanité, ayant déjà une longue histoire d'intelligence pratique, de sensibilité artistique et de capacité de peur et de réflexion (selon D. Kidner). Dans ce cas, Adam s'est trouvé environné de créatures d'intelligence semblable, après son expulsion d'Éden suite à la Chute. Les paroles de Caïn, chassé loin des siens, peuvent même faire penser à une Terre déjà passablement peuplée (Genèse 4:14,17).

L'auteur consacre ensuite un texte sur l'Évolution qu'il déclare en crise. Il semble que ce soit plutôt l'évolutionnisme qui soit en crise. Il existe en effet une évolution indéniable, la « micro évolution », qu'on peut constater dans divers domaines scientifiques, et qui avait tant frappé Darwin ; mais les conclusions qu'on en a tirées il y a 150 ans ne sont plus valables de nos jours. En effet, rien que l'apparition des enzymes par exemple, fut un évènement improbable et le plus significatif peut-être de l'histoire de l'Univers... J. Rostand, lui-même adepte de l'évolution, s'écrie : « On ne peut que croire en l'Évolution... j'y crois, parce qu'on ne peut s'empêcher de croire à quelque chose... Mais je ne méconnais pas l'énormité d'une telle croyance...Nous conviendrons, en toute objectivité, qu'on n'a pas le droit de tenir l'évolution organique pour une certitude, dès lors qu'il s'agit d'évènements révolus et sans témoins.. ». (Bien sûr, il ne faut pas non plus mélanger « Évolution et évolutionnisme »- comme dit déjà plus haut).

S'attachant à l'énigme de la perfection, M. Denton s'écrie : « Comment le Hasard serait-il parvenu, d'un seul coup ou par essais successifs, à une telle perfection de l'adaptation aux différentes fonctions dans les organismes vivants? L'œil par exemple donnait des sueurs froides indéniables déjà à Darwin! Et le travail incroyablement organisé comme une usine, qu'on voit maintenant au microscope électronique au sein d'une cellule, est la marque d'une intelligence parfaite. Notre cerveau est encore plus inouï avec sa dizaine de milliards de cellules nerveuses, chacune d'elle possédant entre 10 000 et 100 000 fibres de liaison par lesquelles elle est reliée aux autres cellules cérébrales. Malgré le nombre de connexions (1015) le réseau est hautement organisé. Quelle perfection! »

On peut citer encore bien d'autres merveilles dans la nature, comme la mécanique du vol des insectes ou des oiseaux, la résistance à l'acide chlorhydrique de notre estomac, la vitesse de l'influx nerveux, etc., etc. Comment expliquer cette intelligence dans la nature? Le hasard en est totalement incapable. Ceci explique que de plus en plus de savants recherchent un sens à notre Univers et à l'Homme. Mais pourquoi donc a-t-il fallu tellement de temps pour en prendre conscience? A. Huxley fait la confession suivante : « J'avais des motifs pour ne pas désirer que le monde eût un sens; je postulais donc qu'il n'en a pas... la philosophie de l'absurde était essentiellement pour moi un instrument de libération d'un certain système de moralisation. Nous nous opposions à la morale, parce qu'elle gênait notre liberté sexuelle. »

Ainsi la théorie de l'évolution est devenue un dogme comme un autre, à consonance quasi religieuse, favorisant une philosophie d'évolutionnisme social et de progrès qui sonnait le glas à la vision théologique du monde, envisagé comme un ordre créé à dessein par Dieu, depuis 2000 ans. La volonté de Dieu fut remplacée par les caprices d'un immense jeu de roulette, la théorie de l'évolution bénéficiant d'une large médiatisation, avec le recul de la religion chrétienne, surtout en Europe. Les nouveaux maîtres du modernisme furent Marx, Freud et Darwin. Les raisons de l'option évolutionniste sont donc d'ordre philosophique et non scientifique. Finalement, quelle que soit la théorie de l'origine de la vie sur la terre, on est obligé de croire à un miracle, et chaque option exige un acte de foi!


Conclusion générale

Depuis 6000 ans les hommes pensent et sont préoccupés de leurs origines. Ceux qui reconnaissent l'autorité de la Parole de Dieu sont avantagés sur ceux qui cherchent « à tâtons » par la connaissance des lois de la nature. Pourtant – nous l'avons vu – bien des questions subsistent avec la confrontation des points de vue, entre les découvertes scientifiques et la foi chrétienne, surtout pour les Évangéliques qui acceptent l'inspiration et l'autorité de la Parole de Dieu.

Cela ne signifie pas que ces questions – parfois difficiles – soient oiseuses, et que leur réponse soit indifférente. Dieu nous parle, soit par sa Parole dans la Bible, soit dans la nature où Il nous a placés. Nous avons aussi comme chrétiens la responsabilité de ne pas créer d'obstacles inutiles à nos contemporains intéressés par les découvertes scientifiques honnêtes de notre temps.

L'apôtre Paul, parlant aux chrétiens du premier siècle, de leurs divergences d'opinions qui les divisaient, demande « à chacun d'avoir une pleine conviction en lui-même » (Rom.14:5) sans juger ou mépriser ceux qui ont une opinion différente. Dans le Labyrinthe dont nous avons parlé, nous risquons de nous égarer à chaque bifurcation. Un Jour avec le retour du Seigneur, nous verrons clairement tous ces dédales et leur raison d'être. Pour l'instant, choisissons notre chemin au mieux de nos connaissances, en ayant le courage de revenir au besoin à une bifurcation, si nous voyons que nous nous sommes égarés dans un cul-de-sac!

- FIN -

Ce livre est une sorte d'excellente Encyclopédie de 260 pages, sur le sujet; il est suivi d'une abondante Bibliographie, avec des références exactes citant 108 auteurs, dans environ 160 références exactes, et d'une simple Table des Matières. Édité au premier trimestre 2005 aux Éditions Emmaüs, route de Fenil 40, CH-1806 Saint-Léger, où les intéressés peuvent se le procurer immédiatement.

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