Dieu? Le plus grand scientifique!

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Les trois Adams.

  

*Résumés de livres*

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MON DIEU... POURQUOI

Par Abbé Pierre (avec Frédéric Lenoir) - Éditeur Plon
(1e partie)


INTRODUCTION

Dans ce livre étonnant, l'auteur bien connu pour ses innombrables actions sociales, arrivé dans la vieillesse, se pose de nombreuses et émouvantes questions, qui sont aussi souvent les nôtres. Il appelle cela « Petites méditations sur la foi chrétienne et le sens de la vie ». Ouvrage paru dans le Club « Le Grand Livre du Mois » en 2005. Éditeur Plon.

L'avant-propos de Frédéric LENOIR dit qu'à 93 ans, ce 5 août 2005, l'auteur âgé alors de 17 ans avait demandé à Dieu la grâce de mourir pour Le voir revenu, et qu'une voix intérieure lui avait répondu : « tu resteras » ...

Récemment, l'Abbé Pierre a été plébiscité à France Télévision comme l'un des 3 français les plus importants de l'histoire. Insurgé de Dieu, il refuse d'accepter la misère et la souffrance. En vrai homme libre, il garde son esprit critique, allant même maintenant toucher le Pape, le président de la république, ou les penseurs à la mode.

Récemment, ne vient-il pas de découvrir que Jean-Paul II avait (enfin) reconnu officiellement la validité de la théorie de l'évolution... et malgré la faiblesse de l'âge et de grands coups de pompe, il en fut remué dans une véritable effervescence intellectuelle. Ce petit livre se présente comme une suite de brèves méditations sur la foi chrétienne et le sens de la vie humaine.


En Prologue une première question : Pourquoi tant de souffrance?
Je ne serais jamais guéri de voir ce lot de souffrances qui accable l'humanité, depuis l'origine. Mon Dieu jusqu'à quand va durer cette tragédie? On dit dans tous les catéchismes que la vie a un sens, mais sur des dizaines de milliards d'humains, combien ont pu accéder à une vie spirituelle et à une espérance? Depuis plus de quatre-vingt ans je me pose ces questions Pourquoi mon Dieu, le monde, la vie, l'existence humaine?
Et pourquoi vivre?
Avec mon coeur et la foi (mais pas avec mon intelligence) je réponds : « C'est d'apprendre à aimer! » Si l'autre est heureux, c'est de l'être avec lui, s'il est malheureux, je souffre avec lui.
Alors, qu'est-ce que l'Amour et le Bonheur?
Même si la joie qui accompagne l'amour est incomparable à tous les bonheurs, elle est fragile. Aimer n'empêche pas de souffrir... Vivre en chrétien, c'est accepter de rechercher à aimer, quel qu'en soit le prix à payer. Mais attention au dolorisme! C'est une caricature qui consiste à rechercher la souffrance, ou à s'y complaire, sous prétexte que Jésus a souffert. NON! Il faut accepter la vie comme elle se présente et si l'on ne peut éviter une souffrance, alors l'accepter avec amour, sans se révolter ou fuir en se refermant sur soi.
Face à la souffrance, alors : Bouddha ou Jésus?
D'accord avec le constat de Bouddha : tout est souffrance. C'est notre lot à tous. Mais je n'en tire pas les mêmes conclusions que lui. En parlant avec mon ami le DALAÏ-LAMA, ils pensent qu'il faut tout faire pour ne plus souffrir. Le but de la vie devient alors une ascèse qui vise à supprimer le désir, considéré comme cause fondamentale de toute souffrance. Pour le disciple de Jésus, il s'agit de réagir par le partage et l'offrande. En communion avec l'autre, la lumière apparaît qui peut sublimer sa souffrance. Le mal peut ainsi conduire à des sommets d'humanité. Toute souffrance surmontée est l'occasion d'une croissance de l'être, d'un progrès dans la conscience.
Désirer?
Supprimer le désir (comme les bouddhistes) c'est réduire la vie. Ce qu'il faut c'est apprendre à orienter ses désirs, vers ce qui est beau, bon, noble, et ça fait partie de la croissance spirituelle. Notre esprit créé par Dieu cherche Dieu. Certes il y a dans la vie chrétienne des moments de plénitude avec Dieu et avec les autres, mais souvent d'autres moments où l'on ressent surtout de l'insatisfaction.
Désirs sexuels et chasteté
On y pense de suite, naturellement A titre personnel, j'ai choisi très jeune la chasteté. Ma vie de moine, ensuite absorbée totalement par l'aide aux plus démunis, m'a fait écarter toute relation amoureuse. Mais cela n'enlève rien à la puissance du désir, et il m'est arrivé d'y céder passagèrement; mais je ne l'ai jamais laissé prendre racine. Cette brève satisfaction fut plutôt une source d'insatisfaction, car je sentais que je n'étais pas vrai.
 
En effet, le désir sexuel a besoin de s'exprimer dans une relation amoureuse, tendre et confiante qui m'était fermée par mon choix de vie. Je ne pouvais dès lors que rendre des femmes malheureuses, et moi que d'être tiraillé entre deux vies inconciliables.
Célibat et mariage des prêtres
La simplicité ne peut exister que dans le vrai. Il faut refuser l'hypocrisie. Mener une double vie ne peut conduire souvent qu'à faire souffrir des femmes pendant des décennies. Je connais pourtant de bons prêtres qui vivent cette dualité; cela pose une question cruciale à l'Église catholique, celle de l'ordination des hommes mariés.
 
Pour moi, marié, je n'aurais jamais pu faire ce que j'ai fait : ma vocation demandait une disponibilité totale. Mais Jésus a aussi choisi des hommes mariés comme des célibataires. Et l'Église a maintenu cette double vocation pendant des siècles, avant d'imposer le célibat à tous les prêtres; mais chez les orthodoxes, les maronites ou les coptes ils ont le choix! Je ne comprends pas pourquoi Jean-Paul II a pu affirmer récemment qu'il était hors de question de revenir sur ce point important. Cela ne tient pas.
La mort de Jean-Paul II
J'ai été touché par la longue agonie du pape, et son grand courage dans la souffrance. Alors qu'il est resté jusqu'au bout en pleine lucidité. Certes la mort est dans l'ordre des choses, hormis pour ceux qui décèdent dans d'atroces souffrances qui me scandalisent. Jean-Paul II fut un grand pape, même si je ne partageais pas toutes ses prises de position (surtout en ce qui concerne le préservatif, condamnation grave, pour les Africains notamment).
Élection de Benoît XVI
Parmi les premiers, j'ai fait la remarque qu'une personne promue à une haute responsabilité, n'est plus la même qu'avant. Je pense que c'est net avec ce nouveau pape. Ses premières paroles vont dans le sens du dialogue et de l'ouverture avec les autres confessions chrétiennes... Et les cardinaux, en élisant rapidement Joseph Ratzinger, ont assuré d'abord une continuité avec le précédent pontificat. Et je ne serais pas étonné qu'au cours de son pontificat, il prenne des mesures plus libérales que son prédécesseur.
Mariage des homosexuels et homoparentalité
Question actuelle, grave. Jusqu'à son décès, mon secrétaire homosexuel fut fondateur et actif d'une Association chrétienne pour la reconnaissance de l'homosexualité. Je leur ai même parlé. Mais pourquoi ne pas utiliser le mot d' « alliance » beaucoup moins marqué et gênant que le mot « mariage »? Et la question d'adopter des enfants est d'une grande complexité. On ne peut la traiter à la légère. Examinons attentivement ce qui se passera dans les divers tests actuels qu'osent certains pays. Il ne faudrait surtout pas que cette particularité constitue un handicap insurmontable pour l'enfant.
Faut-il ordonner des femmes prêtres?
Autre chantier crucial au début de ce 21e siècle : celui de la place des femmes dans le catholicisme. Je n'ai jamais compris pourquoi nos papes récents ont affirmé que JAMAIS l'église n'ordonnerait de femmes. Personne en effet ne peut avancer un seul argument théologique que ce serait contraire à la loi divine. Le principe avancé est que Jésus n'a pas nommé d'apôtre femme. Pourtant Il était entouré de nombreuses femmes. Mais à cette époque, elles n'exerçaient aucune fonction officielle dans les Sociétés grecque, romaine ou juive. Mais aujourd'hui, on voit mal pourquoi l'Église catholique devrait rester fidèle à ce préjugé!
 
Une véritable révolution culturelle a permis à de nombreuses femmes d'exercer un pouvoir avec bonheur, et les protestants ont montré depuis longtemps qu'ils possèdent d'excellentes théologiennes laïques, ou qui sont même membres de la hiérarchie.
 
Certes la femme est plus portée à la compassion, plus intuitive, plus affective que l'homme, qui est davantage logique et organisateur. Mais ce n'est pas absolu.
 
Reste l'argument que Jésus était un Homme. Donc le prêtre qui agit en persona christi ne peut être que du même sexe que Lui. Mais en tant que seconde personne de la Trinité, il n'est ni masculin si féminin! Il est donc probable qu'une évolution se produise dans l'Église catholique, dans les prochaines décennies.
Marie-Madeleine
Elle tient c'est vrai une place particulière dans les Évangiles, particulièrement frappante pour moi dans sa rencontre avec Jésus, après la crucifixion. La pierre est roulée, le tombeau vide. Pour Marie c'est atroce : qui a pris le corps de son bien-aimé? Jésus a alors cette simple parole « Marie! » ... et elle se jette à ses pieds –« Rabouni! (« ce qui veut dire « Maître chéri »). Je suis profondément ému chaque fois que j'entends ces deux mots, et au fond de moi « Henri » - mon prénom de baptême – s'y ajoute, et je sens le regard plein d'amour de Jésus qui se pose sur moi.
Alors? Jésus a-t-il eu une relation charnelle avec elle?
Le succès planétaire d'un roman a remis à la mode l'idée qu'elle et Jésus était mariés. Ma foi se nourrit de la prière et des Évangiles, et rien ne m'incite à croire que Jésus ait entretenu une relation charnelle avec une femme... Mais je ne vois pas d'argument théologique non plus qui interdirait au verbe incarné de faire l'expérience sexuelle! Comme chacun de nous, sa nature humaine a dû vivre un amour partagé, et Marie de Magdala semble avoir été la femme la plus proche de Lui, à part sa mère. De toute façon, cela ne change rien à l'essentiel de la foi chrétienne...
Marie, mère de Jésus, une nouvelle Idole?
Je suis impressionné par l'accumulation récente des dogmes concernant Marie. Cela comprend deux écueils. D'abord cela déshumanise Marie. Elle possède seulement la nature humaine, semblable à toutes les femmes de la Terre, mais simplement choisie par Dieu pour accueillir en son sein le Verbe incarné. Certes, c'est une femme unique.
 
Mais c'est l'éloigner de nous par l'Immaculée Conception (1854), qui signifierait que Marie ne porte pas les traces du péché originel! J'expliquerait plus loin que je suis peu enclin déjà à croire tel quel au péché originel. Mais je ne vois pas pourquoi Marie devrait y échapper. Il en va de même pour le dogme de l'Assomption de Marie promulgué en 1950. Comme quoi le corps de Marie n'aurait pas connu la corruption et aurait été transfiguré au ciel. C'est en faire une quasi divinité incorruptible!
 
Sachons nous garder de ce danger qu'est la puissance de la mariologie. A la suite de Jésus l'on n'adore que Dieu seul. L'attribuer à Marie ou aux saints n'est pas digne d'un chrétien. Cela devient de l'idolâtrie, Marie prenant alors la place des déesses d l'Antiquité, contre lesquelles le christianisme primitif a lutté de toutes ses forces.
Comment mieux penser le péché originel face à la science?
Cette question de l'immaculée conception nous renvoie à la théologie du péché originel, tel que décrit dans la Genèse. Il semble évident que ces textes sont à considérer comme la manifestation de la relation de l'homme avec Dieu, et non comme un manuel d'histoire.
 
Depuis l'acceptation par Jean-Paul II de la réalité de l'hypothèse de l'Évolution selon Darwin, l'Église catholique accepte que l'être humain apparaisse au terme d'un long processus matériel et biologique, dans la continuité des autres êtres qui l'ont précédé. Le Concile de Vatican II rappelle d'autre part que l'homme est la seule créature sur Terre que Dieu ait voulu pour elle-même. Mais si le corps humain est bien issu de la matière vivante, son âme spirituelle est créée directement par Dieu.
 
Le tout nouveau catéchisme a évidemment abordé la question du péché originel. Mais insuffisamment. Comment tairais-je le rêve que j'ai fait depuis ma toute jeunesse : substituer aux mots inadaptés et inconvenant de « péché originel » par «blessure» ou encore par : « blessure héréditaire »?
Le génie de Teilhard de Chardin
Je rends ici hommage à cet homme, qui, au cours du 20e siècle, a joué un rôle déterminant pour réconcilier la vision chrétienne avec la théorie de l'Évolution. Il fut mon cher ami. Je viens de le relire quasi dans son intégralité et je reste toujours pétri d'admiration pour ce mélange de science, de foi et de mysticisme qui le caractérise.
 
Pierre fut passionné dès son enfance par la matière, qu'il ne voyait pas du tout comme ennemie du spirituel. Mais sa vision évolutionniste pour la concilier avec la foi chrétienne a été très mal reçue par l'Église catholique qui l'a accusé longtemps de « panthéisme ». Pour Teilhard l'évolution a un sens et s'achève dans ce qu'il appelle le point oméga : le Christ.
Jésus, le Sauveur de l'humanité
Je pense qu'il faut lire le récit de la Genèse comme un mythe. Ce mythe montre que l'être humain a tendance à refuser de dépendre d'une autorité divine. Il veut être son propre maître. En voulant ne plus être le serviteur de l'Eternel l'homme est devenu l'esclave de lui-même. En s'incarnant, Jésus offre la rançon que l'homme réclame pour se libérer de lui-même. « Le Fils de l'Homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude », soit pour toute l'Humanité.
 
Pourquoi en « rançon »? On a longtemps affirmé que l'homme pécheur était captif du diable; et une certaine théologie a ajouté que le rançonneur était Dieu Lui-même, offensé par le péché de l'Homme; seule une satisfaction infinie pouvait être à la hauteur du péché commis. Donc, seul Dieu Lui-même pouvait offrir cette réparation en s'incarnant. Ce concept me paraît aussi horrible que le premier!
 
En côtoyant longtemps les drogués, j'ai compris que ce dépendant est à la fois le bourreau ET la victime... et qu'il en est de même pour tout homme. Débranchés de notre source divine, nous sommes devenus bourreaux de nous-mêmes. En se faisant homme, Christ est venu nous libérer de nous-mêmes, et nous offrir la possibilité de nous reconnecter avec la source divine... La rançon qui nous libère, c'est à chacun d'entre nous qu'Il la donne. Jésus nous a redonné la possibilité d'aimer en vérité. Et d'oser dire à Dieu « Notre Père ».

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